Pierre GOBERT (Fontainebleau 1662 - 1744 Paris)

Vers 1707-20

Portrait de dame , à mi-corps de trois-quarts

Huile sur toile, 91,5 x 75,2 cm

PROVENANCE

- Collection privée Lyon jusqu’en mars 2024

 

BIBLIOGRAPHIE

- Inédit


L’ŒUVRE

       Le portrait de dame que nous présentons est inédit.

La similarité de détails du visage du modèle et de la dentelle, avec ceux du Portrait de François III de Lorraine, tableau acquis en 2017 par le musée du château de Luneville, nous obligent à ne pas exclure que notre sujet puisse être un membre de cette famille. Autre probabilité, une exécution à Versailles où l’on sait que l’artiste y aura peint un nombre considérable de portraits de membres éminents de la cour, majoritairement féminins.

Déjà, l’ensemble de ces informations qui tiennent du domaine stylistique, mais aussi celles d’ordre purement technique, nous suggèrent une datation dans les années 1707-20.

 

L’ARTISTE

       Fils de Jean Gobert, sculpteur du roi établi à Fontainebleau, Pierre Gobert se spécialisa très jeune dans le portrait en se formant très vraisemblablement chez les portraitistes royaux. Dès 1682, il fut choisi pour peindre le duc de Bourgogne âgé de quelques semaines (perdu), mais son activité reste difficile à retracer jusqu’en 1701 lorsqu’il se présenta devant l’Académie. Quatre mois plus tard seulement, l’artiste fut reçu, ayant livré les portraits demandés de Louis II de Boullogne et de Corneille Van Cleve (Versailles, inv. MV 5821 et 5837).

En sa nouvelle qualité d’académicien, Gobert envoya au Salon de 1704 pas moins de dix-sept portraits, dont ses deux morceaux de réception et, honneur suprême, celui du duc de Bretagne (frère aîné du futur Louis XV) placé « sous un riche dais de velours vert » sur une estrade à côté des tableaux du roi, du dauphin et du duc de Bourgogne par Hyacinthe Rigaud . Quant aux autres peintures présentées par Gobert, elles étaient – exception faite du portrait de la femme de l’artiste – révélatrices de sa clientèle composée exclusivement des membres les plus éminents de la cour et majoritairement féminine.

Dès lors, la carrière du portraitiste est ponctuée de commandes royales et prestigieuses, la plupart venant de la maison de France. En 1714, il signa ainsi un portrait du futur Louis XV destiné à la cour d’Espagne. Dès l’année suivante et jusqu’en 1733 au moins, l’artiste fut par ailleurs régulièrement employé par la famille régnante de Monaco. En 1725, l’artiste alla à Wissembourg où résidait la cour de Pologne en exil pour peindre la princesse Marie Leszczinska. L’année suivante, celle de sa nomination comme conseiller à l’Académie, il fut payé 2 700 livres pour trois portraits de la reine, dont celui « en pied orné de tous ses attributs ». Plus tard, ce fut le tour des filles de Louis XV de poser pour Gobert.

C’est certainement sa gloire de peintre « des femmes et des enfants » qui valut à notre artiste d’être invité en Lorraine. Un Mémoire des ouvrages de peinture faits par le soussigné par ordre de Leurs Altesses Royales heureusement conservé recense les portraits réalisés par l’artiste entre septembre 1707 et mars 1709. On y découvre qu’il dut répéter à dix exemplaires chacun des portraits du duc Léopold, d’Élisabeth-Charlotte et de leurs quatre filles, mais également peindre les deux frères du duc, « Son Altesse royale Madame avec monseigneur le prince » (Nancy, musée Lorrain, inv. 77.2.13) et faire « le portrait original de monseigneur le petit prince » (Versailles, inv. 4433 ). En 1710, il s’agissait de Louis de Lorraine, né en 1704 et emporté par la variole en mai 1711. Gobert le représenta faisant des bulles de savon et vêtu d’une robe de velours vert aux galons d’or, car l’héritier n’avait pas encore atteint l’âge de « passer aux hommes », fixé à quatre ans en Lorraine comme en France.

Le portraitiste quitta le duché fort du titre de peintre ordinaire du duc Léopold. Toutefois, un seul autre voyage de Gobert est documenté : le 5 décembre 1721, il donna quittance à Nancy de la somme de deux mille livres « à compte du prix des portraits de la maison Royale par lui faits à Lunéville », le surplus devant être payé à Paris. De ce séjour datent les deux portraits de Léopold Clément (1707-1723), promis à la succession après la mort de Louis : le premier datant de 1720 environ (Versailles, inv. MV 3734, gravé par Jean-François des Cars) et le second réalisé en 1721, date à laquelle le prince reçut la Toison d’or (Versailles, inv. 3738, gravé par Duflos). De nombreux portraits attestent des relations continues du portraitiste parisien avec la Lorraine : Gobert devait se rendre assez régulièrement à Nancy et à Lunéville pour notamment peindre les enfants du couple ducal. 






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